En Afrique de l’Ouest, le féminisme gagne du terrain face aux pesanteurs socio-culturelles. Dans les pays francophones de la région, le combat pour l’égalité des sexes, la lutte contre les violences basées sur le genre, la participation inclusive des filles et femmes au processus de développement sont au cœur des agendas des gouvernements, des partenaires et des mouvements féministes. Equilibres et Populations (Equipop), a organisé du 27 au 30 novembre 2018 à Ouagadougou un atelier sous régional sous le thème « amplifier la voix des mouvements des jeunes féministes d’Afrique de l’Ouest » en faveur des activistes pour qui les droits des femmes comptent.
Depuis 1993, les équipes d’Equipop, agissent pour le mieux être des filles et femmes en vue de leur plein accès aux droits notamment aux soins de la santé reproductive. C’est dans cette dynamique qu’en fin novembre 2018, Equipop a réuni 28 activistes de la société civile au tour du concept de féminisme et des moyens capables de booster les voix qui soutiennent les droits des femmes et l’établissement de la justice sociale. L’atelier a permis une mise en réseau des participants. Un projet commun de mobilisation en faveur des droits des femmes fut aussi un des axes de cet atelier.
Cinq messages forts pour renverser les tendances inégalitaires
Au terme des travaux, 5 messages porteurs d’espoir ont été mis en avant. Des messages qui concourent tous à un changement positif des sociétés africaines.
Les 28 féministes ont invité les états à promouvoir le droit des femmes de disposer librement de leur corps. Un message qui interpelle les gouvernants sur la nécessité de garantir l’accès des femmes aux soins de santé notamment aux services de planification familiale. Plusieurs pays ont encore des taux de prévalence contraceptive très faible, largement en dessous de la moyenne mondiale. Aujourd’hui, le taux des besoins non satisfaits des femmes en méthodes modernes contraceptives tourne autour de 30 % dans la sous-région ouest africaine selon le Population Reference Bureau. Ces activistes africains interpellent les états à agir dans l’urgence. Un message porté par Néné Maricou de Youth Women for action du Sénégal.
A travers la voix d’Alexia Hountodji du Rayon des initiatives culturelles musicales et des arts oraux du Bénin, les participants attirent aussi l’attention du monde sur la nécessité de démocratiser l’accès des filles à une éducation de qualité dans un environnement dépourvu de toutes formes de violences. En effet, l’éducation des filles reste un défi majeur dans la sous-région. A cela vient se greffer l’autonomisation économique des femmes. Les femmes doivent accéder à des emplois et salaires décents. Le travail domestique dont les femmes se chargent dans nos pays doivent être reconnus par tous, estiment ces féministes. Selon le rapport intitulé travail domestique et emploi :quel arbitrage pour les femmes , plus les femmes sont absorbées par les tâches domestiques, moins elles sont présentes sur le marché du travail. Dans sa conclusion, le même rapport indique que les femmes assurent 43 % du temps de travail de marché au sein des ménages en Afrique sub-saharienne. Mais cela n’est pas reconnu dans le produit intérieur brut des pays de la région. D’où la nécessité de migrer vers une reconnaissance formelle du travail des femmes.