La Guinée est l’un des pays où les violences basées sur le genre (VBG), les mutilations génitales fémines en particulier, perdurent. Selon les données communiquée par le Ministère des Droits et de l’Autonomisation des Femmes, environ 380 000 filles de moins de 15 ans sont excisées (soient 39%). A côté, les cas de mariage d’enfants avec plus de 600,000 filles mariées chaque année avant l’âge de 18 ans, inquiètent les organisations de la société civile. C’est le cas de l’ONG Mafubo Guinée qui a décidé d’engager la formation des femmes et filles des milieux religieux pour briser le silence sur les VBG.
Dénise Afi GUINNE enfile ses chaussures de sport, pantalon jeans, casquette aux couleurs orange, sans oublier le t-shirt blanc sur lequel il est inscrit : ‘’briser le silence sur les VBG en Guinée’’. La vingtaine, notre jeune militanteest enfin prête pour la journée de sensibilisation sur l’urgence de dénoncer systématiquement les cas de violence basée sur le genre. « J’ai un peu peur, je me demande comment vont réagir les femmes quand je vais leur parler de sujets aussi sensible que les VBG surtout en ce qui concerne les cas de viols ? En tout cas je vais mettre en pratique ce que j’ai appris et j’espère qu’elles vont accepter de m’écouter et surtout accepter de briser le silence » déclare – t – elle d’une petite voix mais déterminée. En effet, Dénise a l’habitude de sensibiliser sur les questions de VBG mais à travers les réseaux sociaux. « Etre derrière son téléphone et inviter les gens à adopter des comportements favorables à la promotion des droits des femmes n’est pas pareil au travail de terrain. C’est une toute autre expérience » lance une de nos animatrices, également engagée dans cette activité de sensibilisation. Justement, pour aider les filles à avoir du courage et confiance en elles – mêmes pendant les séances de porte à porte, Mafubo Guinée les former pensant deux jours sur la situation des VBG en Guinée et les techniques de communication et sensibilisation sur la pratique. Une formation qui a été assurée par les cadres du Ministère des Droits et de l’Autonomisation des Femmes avec un appui financier du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) Guinée.
Comme Dénise, trente-cinq (35) femmes et filles issues de sphères religieuses et associatives ont pris part à la formation de deux jours sur les VBG et les techniques de sensibilisation sur la lutte contre les VBG. Kabouya Moymouna formateur lors de dudit atelier, a tenu à les rassurer « au bout de vos deux jours de formation, vous avez été outillés pour relever le défi qui nous concerne tous actuellement, à savoir le défi des violences subies par les femmes et filles et plus particulièrement les violences sexuelles ? Donc en ma qualité de facilitateur, je vous transmets le flambeau pour que cette flamme qui doit nous guider dans cette lutte ne s’éteigne jamais. Et sachez que la meilleure sensibilisation c’est la sensibilisation de proximité ». Divisées en 17 binômes, ses femmes et filles se sont lancées à la conquête de Simambossia, un quartier population de Conakry, pour amener les femmes de la localité à briser le silence sur les cas de VBG. Une initiative qui a été apprécié par Mariam Camara citoyenne de Simambossia. « En vous voyant marcher sous le chaud soleil pour expliquer toutes ces choses, cela nous va droit au cœur. Nous devons montrer au monde entier que les femmes ne sont pas des jouets. Nous sommes au 21ième siècle, nous ne devons plus avoir peur. Il faut briser le silence afin de mettre fin à toutes ces violences ».
Il est bientôt 17 heures. L’équipe de Dénise rencontre ungroupe de jeunes filles. « Bonjour les amies, est ce qu’on peut avoir quelques minutes de votre temps » demande calmement Dénise. Les filles sont plus tôt réceptives. Elles s’arrêtent et écoutent attentivement notre agent de sensibilisation. Après leur avoir parler des VBG, énumérer quelques causes et conséquences, Dénise invite les filles à s’engager à leur niveau dans le lutte. Pour elle, en parler est un premier pas. «Vous êtes les mères de demain et les ambassadrices auprès de vos amies, c’est pourquoi il est important que vous transmettiez ces informations afin d’amener les femmes à en parler » conseille – t – elle à ses interlocutrices.A la fin de la journée, Denise se dit plutôt satisfaite car elle a pu échanger avec de nombreuses femmes et filles. Mais l’intérêt des hommes aux messages qu’elle donnait, est l’aspect qui la rend très heureuse dans son combat. En effet la lutte pour l’égalité des sexes et l’élimination de toutes les formes de violences à l’égard des femmes ne peut être gagnée sans la participation des hommes.
Selon le rapport sur l’état de la Population mondiale 2020, publié par UNFPA, dans le monde, 4,1 millions de filles sont à risque d’être victimes de mutilations génitales féminines chaque année, alors que chaque jour 33 000 filles de moins de 18 ans seront mariées de force, le plus souvent à des hommes beaucoup plus âgés qu’elles.
MAK