A dix – huit ans, Mariama Ciré Diallo aborde pour la première fois, la question de l’excision ouvertement avec un journaliste.
Je n’aime pas parler de ce sujet parce que c’est dans notre culture. C’est un héritage que les parents nous ont laissé et on ne connaît pas tous les contours pour les juger. Même si au moment où on l’a fait pour moi, j’ai ressenti beaucoup de douleur glisse Mariama ciré Diallo d’une voix à peine audible à notre micro.
Depuis ce jour, j’ai régulièrement des douleurs quand je vois mes règles » poursuit – elle sur un ton de confidence.
Selon les propos de Mariama Ciré, rencontrée à proximité de la maison des jeunes de Ratoma, une commune de la capitale guinéenne, ses menstrues sont devenues douloureuses quand elle a été excisée. Des douleurs qui peuvent s’avérer parfois atroces, l’empêchant parfois même d’aller à l’école. Mariam a été excisée en 2018 alors qu’elle venait de fêter ses 15 ans. Sa mère ne voulait pas mais a finalement cédé sous le poids de la pression des autres membres de la famille. Mariama Ciré devrait être excisée depuis plusieurs années. Mais sa mère a essayé de dissuader sa famille. Il faut croire que ses efforts n’ont pas abouti puisque finalement, sa fille a été victime de cette pratique qui porte atteinte à l’intégrité des femmes et filles.
Selon toujours le témoignage de Mariama Ciré, ses premières règles sont venues à 14 ans sans douleur. Avant qu’elle subisse l’excision, elle ne connaissait pas les règles douloureuses. Mais elle n’a pas joui longtemps de cette tranquillité.
Parfois, je manque les cours pendant deux jours ou trois jours parce que j’ai très mal.
Mariama Ciré n’est pas seule dans cette affaire. Justine, une femme rencontrée à Yataya, nous confie qu’elle a développé les règles douloureuses après qu’elle ait subie l’excision à Macenta, dans le sud de la Guinée.
Quand je vois mes règles, je ne peux même pas marcher. Je me traine au sol tellement que la douleur est atroce pendant des jours, témoigne t – elle les larmes aux yeux.
Selon la déclaration inter instituions pour éliminer les MGF, les mutilations sexuelles féminines recouvrent toutes les interventions incluant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou autre lésion des organes génitaux féminins pratiquées pour des raisons non médicales. Elles ne présentent aucun avantage pour la santé et sont préjudiciables à bien des égards aux jeunes filles et aux femmes.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’excision peut occasionner les menstrues douloureuses chaque mois.
Ce problème se révèle à long ou moyen terme. Toujours selon l’OMS, les mutilations sexuelles féminines constituent une grave violation des droits de l’homme. « Nous ne pouvons pas continuer à accepter cette violation des droits des femmes » a estimé Liliane Haba, la Coordinatrice projet de l’ONG Mafubo Guinée, une organisation de droits guinéen, qui mène actuellement une campagne d’information contre cette pratique.
Hadiatou Yaya Sall