Dans le cadre de la célébration de la journée mondiale de la Population en Guinée, le Ministère du Plan et du Développement Economique alerte sur l’urgence de protéger la santé des femmes et freiner les violences basées sur le genre (VBG). Ce plaidoyer a été fait ce mardi 28 juillet 2020 à la maison commune des journalistes à l’occasion d’un point de presse.
La COVID 19 fragilise de nombreux secteurs de développement et toutes les populations sont touchées. Mais les femmes et filles subissent plus sévèrement les effets de cette crise sanitaire a indiqué Mohamed Sano, Directeur de la Population et Développement au Ministère du Plan et du Développement Economique. Les mesures d’urgence prises par les gouvernements partout dans le monde pour freiner la pandémie pourraient constituer des facteurs d’exacerbation des violences basées sur le genre (VBG).
« Les femmes en temps normal, sont victimes des VBG, mais la pandémie actuelle aggrave cette situation. Surtout avec la fermeture des écoles, les filles sont facilement exposées aux mutilations génitales féminines et au viol » a déclaré Marie Touré, Directrice de l’Equité et Genre au Ministère des Droits et de l’Autonomisation des Femmes au cours de cette conférence de presse.
Célébrée sous le thème : stop COVID 19 : comment protéger la santé et les droits des femmes et filles », la journée mondiale de la population 2020 est célébrée dans ce contexte où les avancées sur l’accès des femmes à leurs droits pourraient être remis en cause. Les chiffres présentés par les experts du Fonds des Nations Unies pour la Population durant la conférence de presse indique que si rien n’est fait, les objectifs de développement durable en faveur des droits des femmes ne pourraient pas être atteints d’ici 2030 en raison justement de cette crise sanitaire.
Des chiffres sur les VBG qui pourraient hypothéquer l’atteinte des ODDs d’ici 2030
Le rapport sur l’état de la Population Mondiale 2020, publié par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) présenté aux médias durant la conférence de presse souligne que 47 millions de femmes vivant dans des pays à revenu faible seraient dans l’impossibilité d’accéder à des moyens de contraception modernes. Environ 7 millions de grossesses non désirées seraient à prévoir si les mesures de confinement étaient prolongées de six mois et que les services de santé continuaient à être perturbés. Le même rapport affirme que 31 millions de cas supplémentaires de violence basée sur le genre seraient également à prévoir. On pourrait craindre 2 millions de cas de mutilations génitales féminines et 13 millions de mariages d’enfants évitables entre 2020 et 2030.
Déjà en Guinée, les femmes et filles sont régulièrement confrontés aux mutilations génitales féminines, aux mariages d’enfant et au viol. « Seulement en l’espace de deux semaines, nous avons près de six (6) cas de viol dans la ville de Conakry. Ce sont des viols sur mineurs », déplore Marie Touré, Directrice du Genre et Equité au Ministère des Droits et de l’Autonomisation des Femmes. En effet le viol de mineur est une pratique de plus en plus courante en Guinée et le confinement pourrait aggraver cette situation.
A côté du viol, l’excision reste une épine dans les pieds des promoteurs des droits des femmes. En l’espace de 25 ans, la pratique n’a pas beaucoup diminué. La Guinée est l’un des pays où les mutilations génitales fémines perdurent. Environ 390 376 des filles de moins de 15 ans sont excisées (soient 39%). Si plusieurs ont l’impression que la lutte contre l’excision devient une peine perdue, le Ministère du Plan et du Développement Economique indique qu’il y a quand des avancées timides certes, mains encourageantes.
Face à cela, l’Etat et ses partenaires ont mis en place 28 cellules de prise en charge des cas de VBG dans les structures sanitaires. Des agents des forces de l’ordre sont aussi impliqués pour une prise en charge juridique des cas de VBG en général, du viol en particulier. « Le Fonds des Nations Unies pour la Population appuie les 28 cellules VBG dans les zones de Conakry, Kindia, Mamou, Labé, Kankan et N’zérékoré » a déclaré Abdoulaye Diallo, Chargé de Programme Information stratégique à l’UNFPA.