Conakry fait face à une avalanche sans précédent d’ordures. Des grandes banlieues au centre urbain, les ordures règnent en maître absolu. En 2013, seuls 11% des guinéens avaient accès à l’assainissement en milieu rural contre 32% en milieu urbain selon le programme Solidarité Eau. Pour plusieurs écologistes, ces ordures constituent un grave danger pour la santé et un défi environnemental à relever.
Conakry, perle d’Afrique hier, aujourd’hui vulgaire poubelle géante. Citoyens et autorités ont démissionnés, lit – on sur la page Facebook « le balai indigné » d’un groupe de femmes qui s’indignent contre l’insalubrité qui règne à Conakry. Les PME en charge de la collecte des ordures peinent à convaincre les citoyens de s’abonner à leurs services. Le gouvernement lui, ne parvient pas à développer des solutions durables. En effet, les différentes campagnes de nettoyage de la ville ont toutes lamentablement échouées. « Quand un premier ministre décide de laisser ses obligations pour nettoyer Conakry chaque dernier samedi, cela donne le résultat auquel on assiste maintenant » dénonce Mory Kaba, vendeur de pièces détachées à Madina, le plus grand marché de Conakry. « Il y a des compétences qui sont déléguées aux collectivités, l’assainissement fait partie », nous indique Golota Raphaël Lamah, journaliste et activiste qui milite pour un développement durable. En effet, les collectivités ont la possibilité de développer des projets pour garantir la propreté dans leur zone géographique selon le code des collectivités. Mais, faut – il que la Guinée dispose d’élus locaux et de fonctionnaires à la base qui comprennent ce code et qui ‘en approprient.
Les grands marchés, en proie aux ordures
Les grands marchés de la ville sont sous le joug des ordures. Au marché de Matoto, les femmes installent leurs marchandises au milieu de tas d’immondice faute de ramassage régulier.
« Je paie mille (1 000) francs comme taxe d’enlèvement des ordures par jour, mais elles sont toujours là » dénonce Mariam Diallo, vendeuse au marché de Matoto.
Installées au côté ouest du marché de Matoto, Mariam et ses amies vaquent à leur commerce au milieu d’une montagne de fruits pourris, dégageant une odeur nauséabonde et couverts d’une colonie de grosses mouches bien nourries.
Ici, il existe une PME de ramassage d’ordure. Mais son travail n’a pas grand impact. Interpellé, l’administrateur du marché de Matoto estime que la commune est mieux placée pour répondre à ce problème car ces PME dépendent directement d’elle. A la commune, c’est silence radio. La santé publique fortement menacée
« Cette fumée va nous tuer » déclare Mariam Barry, vendeuse de produits fruitiers au carrefour de Wanidara rail. Ici, est installé au bord de la route, un dépotoir d’ordures. Le feu y est régulièrement mis car les services compétents ne font pas leur travail de ramassage et de drainage vers le grand dépotoir de Conakry dans les délais requis.
Une fumée forme un gros nuage noir dans le ciel accompagné d’un feu qui ne s’éteint rarement. Entre les picotements que provoque la fumée dans les yeux et les larmes qui coulent, les citoyens qui utilisent cette voie ne savent plus à quel saint se vouer.
« Il y a des moments où une grande partie de la route est occupée par les ordures, provoquant des embouteillages et la fumée nous empêche de voir correctement » témoigne Thierno Oumar Diallo, chauffeur de taxi sur la route le Prince.
Même constat au grand marché de Sonfonia où le passage est souvent bloqué par les ordures. Entre les odeurs et l’embouteillage, circuler sur cette route relève du parcours de combattant.
Au marché d’Entang, les bébés sont avec leurs mamans et inhalent la fumée issue de la décharge. Cette fumée cause des maladies qui se manifestent plus tard.
« Mon enfant de 2 ans passe la journée avec moi ici. Il tousse tout le temps » témoigne Françoise Kamano, vendeuse au marché d’Entang.
Brûler les ordures provoque la pollution de l’environnement, la bronchite, la pneumonie et autres infections pulmonaires. Les enfants sont les plus exposés indique l’ancien parlementaire, le docteur Ben Youssouf Keita.
Les grandes pluies qui ont commencé sont accompagnées d’un fort risque de maladies diarrhéiques conclut le docteur Ben Youssouf Keita. La décharge de Dar-Es-Salaam, une catastrophe environnementale