Les femmes des neuf pays membres du Partenariat de Ouagadougou (PO) ont d’importants besoins non satisfaits en planification familiale (PF). En moyenne 29 femmes sur 100 de ces pays veulent repousser leur prochaine grossesse dans un délai de deux années ou plus mais qui n’utilisent pas une méthode efficace de contraception. Malgré un accroissement significatif de la prévalence de l’utilisation des méthodes modernes de contraception, les besoins insatisfaits des femmes aussi bien en milieu urbain que rural sont réels. Une situation que l’Unité de Coordination du Partenariat de Ouagadougou (UCPO) essaie de changer avec le concours de tous les acteurs dont les journalistes.
En 2007, le Population Reference Bureau (PRB) estimait le taux de prévalence d’utilisation des méthodes modernes de contraception dans la sous-région ouest africaine à 13 %. A cette même époque, 23 % des femmes en âge de procréer ont affirmé qu’elles préféraient éviter les grossesses indésirées, espacer les naissances et choisir le moment pour concevoir. Mais ces femmes n’utilisaient aucune méthode contraceptive. Une décennie plus tard, le taux de femmes ayant des besoins non satisfaits est revu à la hausse dans la sous-région. Aujourd’hui, le taux de ces besoins non satisfaits tourne autour de 30 %. Une hausse qui inquiète malgré les efforts déployés par les pays et les partenaires financiers dont l’objectif est le repositionnement de la planification familiale.
Les raisons de ces besoins non satisfaits sont nombreuses et varient d’une communauté à l’autre. En Guinée, l’accroissement de la population qui ne suit pas toujours la disponibilité effective des services de planification familiale est l’une des causes de cette situation. Selon les derniers chiffres de l’institut national des statistiques, le pays comptait un peu plus de 12 millions d’habitant en 2012. Les femmes constituent 52 % de cette population. Une population dont l’accroissement naturel est à un peu moins de 3 %. En 2012 seules 7% des femmes âgées de 15 à 45 ans utilisent des méthodes modernes de contraception. Ce qui est très bas. Le gouvernement veut, d’ici à 2018, porter cette prévalence à 22,1% .
Les femmes guinéennes dont les besoins en planification familiale ne sont pas satisfaits s’élèvent à 24 %. Un chiffre nettement en dessous de la moyenne de l’ensemble des pays du Partenariat de Ouagadougou.
Une faible sécurisation des produits contraceptifs en Guinée
Selon Rodrigue Ngouana, chargé des Relations Pays de l’Unité de Coordination du Partenariat de Ouagadougou, la rupture des stocks de produits contraceptifs est une situation fréquente dans les formations sanitaires.
« Il y a des moments, une femme peut se rendre dans une structure de santé pour un produit spécifique et elle trouve que le produit n’est pas disponible. Elle repart chez elle sans produits contraceptifs et dans quelques semaines, vous la retrouvez en grossesse parce que même en temps de guerre, la sexualité ne s’arrête pas du tout », explique Rodrigue Ngouana de l’UCPO.
Une insuffisance de la sécurisation des produits contraceptifs constitue, en effet, une faille dans la longue chaîne qui aboutit à des services de planification familiale disponibles et efficaces.
M’Mah Sylla, est une habitante de Coyah, une ville située à 50 kilomètres de Conakry, la capitale guinéenne. Cette jeune femme de 27 ans est mère de deux enfants. « J’ai rendez-vous avec mon médecin parce que je veux une méthode moderne de contraception. C’est l’implant qui m’intéresse parce que mon second enfant qui est le dernier à huit (8) mois et je veux une méthode au moins de trois ans ».
M’Mah Sylla entre en salle de consultation et échange avec son médecin. Au bout de 20mn, elle ressort un peu déçue. La méthode qu’elle veut n’est pas disponible, ce matin. Il y a beaucoup comme M’Mah, qui sont confrontées à ce type de situation.
« Il y a parfois des ruptures de stocks mais le travail de la coalition en partenariat avec le ministère vise justement à freiner le nombre grandissant de besoins non satisfaits » explique Mamady Keïra, secrétaire général de la coalition des organisations de la société civile pour la PF.
En octobre 2013, la Guinée a élaboré un plan d’action de repositionnement de la planification familiale pour la période de 2014 à 2018. Ce plan indique que les services de planification familiale sont intégrés dans toutes les formations sanitaires mais, en 2013, seules près de 30 sur 100 de ces formations sanitaires offraient la PF de base (pilules/injectable). Les pilules, sont plus utilisés par les femmes. 54% des femmes sous contraception y ont recouru en 2011. L’injectable vient en deuxième position avec 45% des utilisatrices de PF. Les méthodes de longue de durée n’étaient pas proposées aux femmes dans la grande majorité (72 %) de ces structures de santé, souligne le même plan d’action. Seul 1% des utilisatrices de PF optent pour le DIU et les implants sous cutanés. Il faut noter que l’insuffisance d’information sur les effets secondaires de certaines méthodes provoquent la propagation de fausses informations dans les communautés.
Face à tant de besoin, le partenariat de Ouagadougou à travers son unité de coordination travaille avec les pays membres en vue de réaliser toutes les activités des plans d’action nationaux. Le travail du PO s’élargit également aux médias.