Les droits des femmes, au cœur de la Journée Mondiale de la Population 2021

Les droits des femmes, au cœur de la Journée Mondiale de la Population 2021

Les cadres du Ministère de l’économie, des Finances et du Plan ont conféré avec les journalistes ce vendredi 10 Décembre 2021 sur la célébration de la journée mondiale de la population (JMP) 2021. Le gouvernement guinéen avec l’appui technique et financier du Fond des Nation Unies pour le Population UNFPA a partagé avec les journalistes les grandes lignes de la JMP de cette année.

 C’est par la résolution 45/216 du 21 décembre 1990 que l’assemblée générale des Nations Unies a décidé d’instituer la célébration de la journée mondiale de la population.

A l’instar des autres pays cette journée va etre célébrée aussi en Guinée sous le thème :

“les droits et les choix sont la réponse : qu’il s’agisse de baby-boom ou de récession, la solution consiste à donner la priorité à la santé reproductive et aux droits pour tous”. En prélude de cette célébration, Mohamed SANO, Directeur National Population et Développement du Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan déclare : « la cérémonie de lancement de cette journée couplée au lancement du rapport de l’état de la population mondiale  intitulé ‘’MON CORPS M’APPARTIENT : Revendiquer le droit à l’autonomie et à l’autodétermination’’ publié par l’UNFPA se tiendra à l’hôtel Riviera Royal , sous le haut patronage du ministre de l’économie ,des finances et du plan avec la participation des Ministres en charge de la Santé et de l’hygiène publique , de la promotion féminine et des personnes vulnérables, de la jeunesse et des sports , suivie d’une campagne de sensibilisation sur les effets du manque de Planification Familiale (PF) ».

Parlant de PF, il a tenu a rappelé que dans le monde « 217 millions de femmes souhaitant éviter une grossesse n’ont pas la possibilité d’avoir recours à des méthodes de PF efficaces et sans danger… Et qu’en Guinée, on estime à 22% le taux de femmes en union qui ont des besoins non satisfaits en matière de Planification Familiale. Seulement, une femme en union sur dix utilise une méthode contraceptive moderne (11%). La demande potentielle en matière de planification familiale s’élève ainsi à 33%. »

Pour sa part le Docteur Madina Rachid, Directrice Adjointe de la Santé Familiale et Nutrition a souligné les problèmes majeurs rencontrés par les femmes en matière de PF. « La femme n’est pas autonome à utiliser les services en PF sans l’avis du mari. On marie précocement les enfants et la pratique des mutilations génitales féminines constituent une violation de l’intégrité corporelle de la femme. Il existe la loi 010 sur la santé de la reproduction promulguée par le feu Président Lansana conté. Et malheureusement cette loi et ses textes ne sont ni connus, ni vulgarisés » a – t – elle déploré. Poursuivant son intervention, Dr Madina a tenu à faire un plaidoyer pour la mobilisation des ressources en faveur de la planification Familiale. « Accompagnez nous dans la mobilisation des ressources. Aujourd’hui nous avons un plan d’action national budgétisé de seconde génération en PF. Depuis 3 ans, l’état s’est engagé à l’achat des contraceptifs à hauteur de 13 milliards. Nous avons réitéré cet engagement à hausser à hauteur de 10%. Nous voulons aussi que le BND augmente à hauteur de 15 % pour que les 5% reviennent à la santé maternelle néonatale et la planification familiale. L’UNFPA, L’USAID et la KFW sont des partenaires qui contribuent aussi à l’achat des contraceptifs de la PF » a plaidé Dr Madina en présence des partenaires traditionnels qui soutiennent la Guinée dans le domaine.

 Docteur Olga Sankara, Représentante adjointe du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA)  en Guinée est revenue sur l’importance de cette célébration. « Pour nous L’UNFPA, il est important d’attirer l’attention des dirigeants de ce Monde, mais également de toutes les personnes et parties prenantes sur l’état de la population et sur les enjeux qui minent la qualité de vie des personnes. Une projection de 10 milliards d’habitants est prévue pour l’année 2050, et si la moitié est laissée pour compte, il y’aura un sérieux problème. C’est pour cela que l’UNFPA met l’accent sur les droits des femmes » a – t – elle indiqué pour souligner l’urgence de ne laisser personne pour compte. Elle a également touché du doigt le contexte de la pandémie de COVID qui a aussi bouleversé le mode de vie des gens et a perturbé les systèmes de santé. « Nous avons connu des problèmes d’approvisionnement des hôpitaux à cause de la fermeture des frontières. La conséquence est que beaucoup de personnes n’ont pas pu accéder aux soins de santé. Que ce soit le baby –boom parce qu’il y’a eu confinement, promiscuité donc beaucoup de conceptions ou que ce soit le contraire, le plus important est d’interroger la qualité de vie et la santé sexuelle des femmes. 

Soulignant le rapport sur l’état de la population mondiale 2021, Dr Olga Sankara affirme que « le rapport sur l’état de la population, l’accent est mis sur l’autonomie corporelle des femmes. Cette autonomie sexuelle est étroitement liée à l’autonomisation de la femme dans beaucoup de sphères de la vie ».

 La question des Violences Basées sur le Genre VBG était également au programme. Madame Marie Touré Directrice nationale Genre et Equité du Ministère de la Promotion féminine, de l’Enfance et des Personnes Vulnérables, a alerté sur les cas de viols de mineurs en Guinée. Sur un ton de désolation, elle affirme qu’il faut «  mettre en évidence le lourd tribut des cas de viols. Ne serait-ce que les 3 moins passés, nous avons enregistrés plus de 271 cas de viols. La recrudescence de ce phénomène dans un pays comme le nôtre est incompréhensible. Les viols touchent aujourd’hui les filles de 2 à 45 ans. Des acteurs communautaires, ceux de la société civile et certaines structures publiques ont tous été interpellés dans la sensibilisation pour la lutte contre ce fléau ». En effet, les cas de viol sont devenus courants en Guinée. On a encore en mémoire le cas de M’Mah, violé, mutilé et décédée des suites de ce viol après plusieurs interventions chirurgicales sans succès. « Il existe aussi des centres et des mécanismes de prise en charge des violences basées sur le genre pour endiguer le fléau et préserver les droits et les choix des filles et des femmes ” Précise-t-elle. Face à la recrudescence des violences faites aux femmes et en dépit de tous les efforts fournis par les acteurs publics, la justice ne reste pas en marge.  Monsieur Daouda Diomandé substituts du Procureur près du tribunal de première instance se dit inquiet : « d’aucun pense que la justice ne joue pas son rôle, sur 10 dossiers enrôlés, nous avons souvent 8 dossiers de cas de viols. Le minimum requis pour les cas de viols est de 10 ans. Cependant nous avons condamné des gens à 15 ans de réclusions criminelles. Nous invitons la presse à passer s’imprégner des cas de condamnations et des statistiques pour informer la population afin de dissuader les gens. Cette recrudescence est inquiétante et nécessite l’intervention de tout un chacun ».  Le sujet étant une question de droits humains des femmes, Dr Olga estime que « aujourd’hui l’intérêt c’est d’interpeller les acteurs à tous les niveaux, pour dire qu’il y’a eu des efforts qui ont été faits mais il reste encore beaucoup à faire.je pense que l’occasion est donnée aux acteurs qui travaillent habituellement sur le secteur d’éclairer les journalistes qui ont toute la latitude de porter le message au niveau des communautés. Le changement est à ce niveau. Si les partenaires publiques jouent leur rôle, pourquoi les violences continuent ? Quels sont les changements en termes de normes Sociales à développer au niveau   communautaire pour faire en sorte que les populations elle-même disent non aux violences faites aux femmes ».

A signaler que selon le bulletin d’août 2021 de Population et Développement, les résultats de l’enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages réalisée en 2018/2019, le revenu annuel minimum que doit disposer un individu pour vivre en Guinée indique que l’indice de la pauvreté ou proportion de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté est estime a 43.7%. Autrement dit en 2019, au moins 4,4 personnes sur dix seraient en situation de pauvreté monétaire contre 5,5 en 2012.

Ahmed Sékou Touré.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *