N’zérékoré : la continuité des services de santé maternelle garantie pendant l’épidémie d’Ébola de 2021 avec un appui de UNFPA

N’zérékoré : la continuité des services de santé maternelle garantie pendant l’épidémie d’Ébola de 2021 avec un appui de UNFPA

Le 14 février 2021, la région forestière plus précisément la sous-préfecture de Gouecké enregistre son premier cas de fièvre hémorragique à virus Ébola et la maladie est déclarée officiellement par les autorités guinéennes. Cette nouvelle épidémie avait impacté négativement tous les secteurs d’activité de la Guinée forestière surtout celui de la santé notamment l’utilisation des services de santé reproductive. Et pour y remédier, le Fond des Nations Unis pour la Population (UNFPA) a soutenu le déploiement de 30 sages – femmes, de 52 relais communautaires et plusieurs actions d’information dans les médias pour promouvoir l’utilisation des services de santé reproductive pendant l’épidémie d’Ébola pour un peu moins d’un demi-million de dollars américains.

« Au début de l’épidémie, je ne partais plus dans une structure de santé » témoigne Hélène Kalivogui.   Poursuivant, Hélène nous indique qu’elle pensait que « la maladie se propageait grâce aux prestataires de santé ». A l’image d’Hélène, de nombreux habitants de la région de N’zérékoré ne fréquentaient plus les structures de santé. « Dès que la maladie a été déclarée, le centre de santé est devenu désert, c’est à peine si nous avons 2 patientes qui viennent en CPN par jour, alors qu’avant, nous pouvions avoir jusqu’à 15 patientes pour la CPN par jour » a déploré le Directeur du centre santé amélioré de Goueké, localité où l’épidémie a resurgis en février 2021. Pendant que les acteurs de la riposte se battaient pour limiter la chaine de propagation et finir avec l’épidémie d’Ébola, la peur et la méfiance des populations vis-à-vis des structures de santé ont affecté négativement le taux de fréquentation des structures de santé. Face à cette situation et au risque de voir les indicateurs en matière de santé reproductive se détériorer, le Fonds des Nations Unies pour la Population a décidé d’appuyer le Ministère de la santé à promouvoir la continuité des services de santé reproductive de qualité dans la région de N’zérékoré pendant l’épidémie d’Ebola.

Ainsi, les autorités sanitaires de Nzérékoré à travers les fonds d’urgence EBOLA de UNFPA ont recruté des sages-femmes pour le suivi de la grossesse jusqu’à l’accouchement et les RECO pour les sensibilisations. Pour DR SOKGBO TEORO, Directrice préfectorale de la santé (DPS) Nzérékoré « les RECO ont sensibilisé la population pour accepter les agents de santé, recensé les femmes en grossesse dans les communautés pour les aider à faire la CPN et les jeunes filles à utiliser les services de santé comme la planification familiale ».  Selon toujours la DPS, l’appui de UNFPA a contribué à maintenir les prestataires de santé à continuer à offrir les services notamment les services de santé maternelle.

95% des femmes en âge de procréer sont revenues vers les structures de santé

La Direction régionale de la santé de N’zérékoré a recruté en tout 30 sages – femmes, déployées dans une quinzaine de structures de santé, où le taux de fréquentation avait chuté et l’utilisation des services de santé reproductive était en baisse. Ces sages – femmes, étant en première ligne dans la riposte, ont été formées sur diverses thématiques notamment la prévention de la transmission de la maladie, la prise en charge des cas suspects et la prise en charge de qualité des femmes en âge de procréer dans un contexte d’épidémie comme Ebola. Leur travail se faisait aussi bien à l’intérieur de la structure de santé que dans la communauté à travers « des stratégies avancées ».

Selon M’mahawa Savané, sage – femme ayant servie sur le projet de promotion de continuité des services en période d’Ébola, « la sensibilisation a été déterminante pour rétablir la confiance entre les femmes et les structures de santé ». Au bout de 6 mois de dure labeur, de travail ardu, de visites à domicile et d’information, les sages – femmes ont réussi à ramer de nombreuses femmes en âge de procréer vers les structures de santé. « On sensibilisait les femmes pour qu’elles puissent venir en leur expliquant que toutes les précautions sont prises pour éviter le risque de contamination dans la structure de santé. Grace à cette stratégie, on était à 95% mais pas à 100% parce que la psychose était là et par jour on pouvait recevoir 15 femmes pour la simple consultation et d’autres pour l’accouchement ».

Au travail des sages – femmes, il faut ajouter les efforts des relais communautaires (RECO). Au nombre de 52, ces hommes et femmes de terrain allaient de maison en maison pour encourager les femmes en âges de procréer, notamment celles enceinte à utiliser les services des maternités. Selon David Yaradouno, relais communautaire en charge de l’aire de santé du quartier commercial dans la commune urbaine de N’zérékoré, « les femmes négligent d’utiliser les services des structures de santé à cause des rumeurs ». Dans chaque famille, ces relais communautaires essaient de comprendre les raisons qui empêchent les femmes d’utiliser les services de santé. Une fois la raison connue, ils apportent à ces femmes et leurs familles, la bonne information afin de rétablir leur confiance vis-à-vis des structures de santé. « Malgré tout, on a réussi à référer beaucoup de femmes dans les centres de santé et avec la pertinence de nos contrôles dans leur carnet (rires…) elles parvenaient à nous comprendre et jusqu’à présent d’autres ont envie de nous voir à leur cotés parce que ça leur a permis de comprendre beaucoup de choses et surtout »témoigne David. La présence de ces RECO a permis d’éviter plusieurs accouchements à domicile.

Par ailleurs, la synergie entre les RECO et les sages – femmes a aussi permis de freiner la propagation des rumeurs et des fausses informations au tour de l’épidémie. En effet, chaque fois que les relais communautaires détectaient un cas de femmes qui a besoin d’un service de santé mais qui ne va pas à l’hôpital, ils informent les sages – femmes qui à leur tour, organisent des visites de consultation dans les localités concernées.  

L’appui de UNFPA a permis aussi de former des leaders religieux, communautaires et des femmes issues des groupes d’influence de N’zérékoré.

Religieux et leaders communautaires, ont fait la promotion de l’utilisation des services de santé maternelle

Selon le Secrétaire préfectoral des Affaires Religieuses de Nzérékoré, plusieurs Imams, Pasteurs et Prêtres ont été formé comme formateur par l’UNFPA pour sensibiliser les fidèles sur les symptômes d’Ebola, les conséquences et le comportement à adopter contre le virus. El HADJ Amadou SOUMAORO indique que c’est « grâce à l’UNFPA, que nos leaders religieux formateurs, on a réussi à sensibiliser nos sœurs à utiliser les centres de santé si elles sont en grossesse jusqu’à l’accouchement. On a été contrôlé dans les centres de santé pour savoir si notre contribution a eu un impact et c’était de Nzérékoré jusqu’à Gouecké ». En effet, les religieux et leaders communautaires ont du poids dans les communautés africaines. Ainsi, leur adhésion à l’utilisation des services de santé même en période d’épidémie a été une source d’encouragement pour les femmes et cela a permis de mettre fin à la réticence.

C’est grâce au travail des religieux et des informations qu’ils donnaient sur le bénéficie d’aller au centre de santé, que Koumba Fatoumata Kotembadouno, une jeune fille âgée de 22 ans a recommencé à utiliser les services du centre de santé de son quartier. « Ce qui m’a motivé à aller dans les centres de santé, c’était pour protéger ma santé et celui du bébé que je portais parce que si on part on nous donne des médicaments pour que l’enfant soit bien nourri dans notre ventre. Même pendant Ebola je partais parce que on nous donnait des produits gratuitement et on achetait d’autres. Les femmes qui étaient là-bas nous donnaient des conseils par rapport à la planification familiale ». En effet, un important lot de produits qui sauvent la vie, a été mis à la disposition des structures de santé, bénéficiaires de l’appui de UNFPA. Des produits contraceptifs, au kits d’urgence pour la prise en charge des violences basées sur le genre, en passant par tous les produits vitaux pour la maman et le nouveau-né. De même des kits de protection individuelle et des dispositifs de prévention de la maladie à virus Ébola étaient disponibles dans les structures de santé.

Des femmes leaders ont contribué à la distribution des kits de lavages mains dans les associations féminines

Des vendeuses de poissons, de charbons ont bénéficié des séances de sensibilisations à travers certaines femmes leaders de la localité sur l’utilisation des kits de lavage des mains. Selon Hadja Alamako Diallo femme leader « pendant Ebola, nous avons sensibilisé les femmes sur l’entretien des enfants ensuite donner des conseils aux femmes sur la préparation de la grossesse jusqu’à l’accouchement car beaucoup de femmes refusaient les CPN ».

Le travail de l’ensemble de ces acteurs a permis de mettre fin à la psychose dans la région. Le Chef du sous bureau de l’UNFPA a rappelé qu’une pénurie en ressources humaines était là lors de cette épidémie. Le personnel de santé aussi avait déserté les structures par peur. Ce problème a été résolu grâce aux fonds d’urgences de l’UNFPA à travers le recrutement de sages-femmes. Ainsi un message fort a été envoyé dans les communautés pour dire que les services de santé maternelle sont de qualité avec un personnel qualifié disponible. Pour le docteur KISSI KEITA, « en terme de résultat, on a constaté que les services de santé où nos sages-femmes ont été affectées, il y a eu une augmentation de l’accouchement assisté par le personnel qualifié. Donc on est parti de 35% à 55% du taux d’accouchement par le personnel qualifié et une augmentation de référence de 32% de grossesses à risque par les RECO et c’était un très bon indicateur ».  Autres indicateurs ayant été améliorés durant cette période, on note le nombre de femmes mises sous contraceptif moderne. «Si avant les services de référencement en matière de PF étaient 550 femmes mais avec la présence de cette épidémie et l’effort de l’UNFPA nous sommes allés jusqu’à 1215 femmes » conclut sur un air de satisfaction, le docteur Kissi Keita.

Ainsi, l’appel lancé par l’UNFPA dès les premières heures de l’épidémie sur la nécessité de rendre la réponse sensible à la continuité des services de santé reproductive était bien justifié. Sans cet appui, les indicateurs de santé maternelle auraient été au rouge dans la région avec des risques de décès maternels évitables.

Makan soumaoro

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